Philologica Canariensia

Revista de Filología de la Universidad de las Palmas de Gran Canaria

20 (2014), pp. 183-190

eISSN: 2386-8635

DOI: https://doi.org/10.20420/PhilCan.2014.0029


Georgiana Lungu Badea (coord.), Revue Translationes n2 (2010): (En) jeux esthétiques de la traduction éthique(s); Techniques et pratiques traductionnelles, Actes du Colloque international Isttrarom-Translationes (25-26 mars 2010), Groupe de recherche de l’Histoire de la Traduction Roumaine et des Théories et Pratiques de Traduction actuelles, Éditions Eurostampa, Universite de l’Ouest, 206 pp. ISSN: 2067-2705.

 

 

La traductologie est encouragée pour des raisons de langue, de style et même de morale. La nécessité de réfléchir à la traductologie en tant que science et qu’art devient de plus en plus urgente depuis le deuxième siècle. Le numéro 2 de la revue «Translationes» apportent une multitude de points de vue et d’idées en se confrontant sur les conceptions traductionnelles et traductologiques.

Les articles inclus dans la revue examinent la traductologie comme un art plutôt que comme une science, comme une chaîne de jeux esthétiques, éthiques, techniques et de pratiques traductionnelles. Donc, la réflexion proposée met en évidence le débat sur les droits et devoirs du traducteur à l’ère de la globalisation et de l’informatisation en présentant la traduction comme une activité indispensable à la connaissance.

Deux thèmes peuvent être distingués dans ce deuxième numéro: «Esthétique de la traduction. Approches théoriques» et «Etique(s) de la traduction. Techniques et pratiques». Autour d’eux se regroupent les sept volets en débutant avec un argument pour leur importance dans l’étude de la traductologie. Si le premier thème découvre la présence du traducteur dans la traduction et la mouvance immuable du texte-source, le deuxième thème fait apparaître la nécessité de corréler les principaux genres de texte et les voies traductionnelles à suivre.

Jean-René Ladmiral ouvre la série d’articles avec son «Triangle traductologique» en proposant trois directions dans l’étude de la traductologie comme discipline: la théorie traductologique; les différents pratiques de la traduction qu’elle prend pour objet et qu’elle a la aussi l’histoire dans la recherche traductologique, qu’il considère avoir un rôle comparable à celui de la philosophie. Quant aux pratiques de la traduction, il met en évidence la nécessité de distinguer entre: la traduction littéraire et celle spécialisée (technique).

Dans sa recherche, Ladmiral touche des points qui ont été toujours parmi les préoccupations de ses prédécesseurs: l’interférence avec d’autres disciplines comme l’histoire, la linguistique et même la religion, le niveau d’implication du traducteur dans le texte et la dichotomie sens / mot ainsi que met en danger l’éthique de la traduction, ainsi que le texte source.

Antonio Bueno Garcia de l’Université de Valladoid, Espana, ouvre la section théorique avec son article «Ética y estética de la traducción monástica. Los traductores y lingüistas franciscanos españoles del árabe y el hebreo». Il présente l’éthique de la traduction et la difficulté de la définir en partant de la relation traducteur-destinataire, celui à qui s’adresse la traduction. Ici, une nouvelle dichotomie se fait apparaître en opposant la transparence de traducteur envers la transparence du texte. L’implication du traducteur dans le texte, soit conscient ou involontaire, fait de la traduction une activité nettement manipulatoire. Donc, la transparence du texte est altérée par la visibilité du traducteur, sa manière de se réfléchir dans le texte.

L’investigation de la relation, mentionnée antérieurement, s’appuie sur d’exemples extraits des textes religieux. La traduction des textes qui ont comme source le mot divine du Dieu, doit être loyale aux texte-sources, rendre dans la langue destinataire mot par mots. C’est un exemple claire d’éthique au stricto sensu, mais Garcia découvre que ni les Franciscans ne réussisse pas se faire invisible et leur traductions sont influencées par le contexte politique, par leur niveau de culture, leur rang parmi les autres moines. En effet, ils n’ont pas seulement traduit des textes, mais ils ont aussi travaillé pour enrichir le vocabulaire et pour structurer la grammaire de la langue espagnole.

De l’autre cote, dans la même section, René Lemieux, de l’Université de Québec, Montréal, Canada, dans l’article «Éthique et esthétique de l’Autre en traduction: une réflexion à partir de récentes critiques contre la traductologie d’Antoine Berman» présent la gravité de l’implication du traducteur dans le texte et les conséquences d’un tel geste. Il utilise comme support un débat commencé par Charles Le Blanc dans son livre «Le Complexe d’Hermès contre les théories traductologiques», en mettant en évidence trois types de critique – la portée théorique de la traductologie, la figure de l’autre et le rôle de la Bildung. Le corpus sur lequel s’appuie l’essai sera constitué d’exemples extraits des textes d’Antoine Bermanen répondant aux critiques de Le Blanc. Dans cette polémique, nous retrouvons un travail de l’esprit proche de celui à l’œuvre chez les romantiques allemands et une invitation à continuer la réflexion au-delà du débat sur la traduction pour la porter sur «ce qui fait société».

Un deuxième volet approche le thème «Pratique, didactique et critique de la traduction». Freddie Plassard est le premier à investiguer la relation auteur-traducteur et la prise de pouvoir du traducteur par la mort, pas seulement symbolique, mais aussi physique de l’auteur dans le roman «Vengeance du traducteur» de Brice Matthieussent. En analysant la portée traductologique dans la trame du roman, Plassard veut concentrer l’attention sur les variations relatives aux thèmes de l’écriture en tenant compte des coordonnées relationnelles, spatiales et opératoires. L’auteur est dévoilé comme une figure paternelle, qui domine le «fils», c’est-à-dire le traducteur, même s’il est absent dans le texte. Son désir est que son art ne soit pas altéré par des notes à son texte et que le traducteur soit invisible dans sa traduction. Donc, nous remarquons une relation de servilité et obéissance auteur / traducteur. Peu à peu, le fils-traducteur franche les limites imposées par son père et à l’aide de notes de bas de page, il donne voix à sa vision, il obtient la liberté de s’exprimer, d’approprier le texte. Le processus d’appropriation du texte est présenté comme une dévoration charnelle.

Carmen–Ecaterina Aştirbei de l’Université «Alexandru Ioan Cuza», Iaşi, dans son article sur les techniques de traduction de la métaphore dans le texte en vers, change le point d’attention de la relation auteur / traducteur à la difficulté de la traduction de la poésie. Elle met en évidence le fait qu’il faut suivre des principes et des procédures pour pouvoir traduire la poésie. Le traducteur doit dévoiler la signifiance de la poésie traduit en tenant compte de tous les paramètres du texte: lexicologique, sémantiques, sonores, prosodiques, etc. Néanmoins, la signifiance est difficile à établir et donc, la poésie est toujours ouverte à des multiples interprétations et ses liaisons avec autres textes littéraires lui donnent un dynamisme intertextuel. Dans sa recherche sur la traduction de la poésie revient un problème qui hante tous les traductologues: la traduction de la métaphore. Nous y retrouve la métaphore entre duplication, c’est-àdire la reproduction fidèle du mot de la langue d’arrivée, et transposition, une dérivation textuelle ayant comme but à produire dans la langue cible un effet comparable a celui du texte originel. Le choix appartient entièrement au traducteur.

Un de plus intéressant article est celui d’Iulia Nanau, de l’Université de l’Ouest, Timişoara, qui approche un thème peu recherché: la traduction des termes licencieux et du langage grossier. En analysant des textes italiens comme «Decameron» de Giovanni Boccaccio, «Novecento» d’Alessandro Boricco et «Como Diocomanda» de Niccolo Ammaniti, elle met en discussion l’éthique de la traductologie et la pudeur qui détermine la soustraction de traduire les mots licencieux. Suite à sa démarche, nous découvrons qu’en évitant de traduire certains mots, le traducteur change l’effet que l’auteur veut produire et même les niveaux de langage utilisés dans le texte original. L’éthique de la traduction, tant comme elle est définit jusqu’à présent, soutient l’idée de rendre dans la langue cible dans la manière plus fidèle les mots du texte traduit, pour des raisons linguistiques. De plus, les romains utilisent un langage vulgaire couramment, dans l’espace publique, donc, la pudeur n’est pas justifiable.

Sophie Lechauguette ferme le deuxième volet avec son article «Traduire pour des collections pratiques», qui a comme but à expliquer la traduction de textes pragmatiques dans le contexte de l’édition. En opposant les textes littéraires et les textes pragmatiques, les jeunes traducteurs rencontrent plus des difficultés en ce qui concerne les dernières. Donc, cet article leur offrira un support pour mieux comprendre la pratique. Plus encore, il y a aussi de conseils et des lignes qui sont tracées pour rendre leur devoir plus facile. La traduction des ouvrages pragmatiques et des collections pratiques prends en compte leur spécificité exogène; en d’autres termes. Pour pouvoir les traduire, il faut rechercher leur environnement immédiat, la collection dans laquelle ils vont sortir, la différence entre les attentes du lecteur du texte originel et celles du lecteur de la traduction, les différences culturelles. Le traducteur, lui-même doit être pragmatique et déceler le texte avant démarrer le processus de traduction. Les principaux points de discussion sont les maquettes comme caractéristique de textes pragmatiques et leur subdivision, les légendes fonctionnant comme une seconde partie de texte, la non-linéarité du texte et sémiotique, la relation auteur-lecteur, la tâche du traducteur et son capacité de relativiser. Tous ces points sont conçus pour libérer les jeunes traducteurs des contraints imposées par une formation axée sur des textes littéraires.

Despina Grozavescu, de l’Université de l’Ouest, Timişoara, change l’axe de débat pour porter l’attention sur la sociologie de la traduction en considérant quelques aspects de la traduction audiovisuelle et ses traits culturels. Pour ce type de traduction il y a deux méthodes: le doublage et le sous-titrage.

La recherche de l’article «Alcuni elementi culturali contestuali nel doppiaggio italiano» est orientée sur l’importance du doublage et sa complexité en approchant les particularités de films doublés en Italien et l’adaptions Italiens. En ce qui concerne la complexité de la traduction audiovisuelle, Despina Grozavescu touche des sujets comme la spécificité culturelle, les multiples méthodes de rendre et adapter un langage, un texte audio, la représentation verbale d’un objet, les correspondances lexicales et sémantiques entre la langue cible et celle d’arrivée. Il y a aussi donné des exemples des doublages du film indien «Monsoon Wedding» de Mira Nair pour l’adaptation de mots afin de au milieu culturel italien, ainsi que des doublages de films «The Fabulous Baker Boys», «Some like it hot» et «Charing Cross Road» pour le champ culinaire adapte à la culture italienne. Elle conclut qu’en effet, à cause du doublage la valeur du film se perd.

Le quatrième volet de la revue intitulé «Hommages aux traducteurs et aux traductologues» debout avec l’article du Dan Negrescu, de l’Université de l’Ouest, Timişoara. Celui-ci approche les œuvres de traducteurs chrétiens des premiers siècle du christianisme en soulignant les directions empruntées, la manière de répondre aux attentes de la traduction / mécènes et réconcilier l’esthétique avec l’éthique de la traduction. Dans la période en question, la moralité du traducteur était important car il avait eu contact avec des textes écrivis sous la guidance de l’Esprit Saint. Dionysius Exiguus est considéré un de premiers traducteurs nobles car dans son œuvre «De institutione divinarum litterarum» donne le premier place à l’esthétiques de traducteur et pas à son éthique. De l’autre côté il y a le traducteur optimus qui réconcilie son esthétisme avec l’esthétisme quotidien. Dionysius a réussi à faire cette distinction en combinant sa fée avec la culture païen à laquelle il est tributaire.

Un autre traducteur a qui est rendu un hommage par la rédactrice de la revue, Georgiana Lungu Badea de l’Université de l’Ouest, Timişoara, est Jean –René Ladmiral en suivant les lignes directrice de sa théorie traductologique, les «théorèmes pour la traduction», la dichotomie sourciersciblistes, le triangle méthodologique et le quatrain traductologique. La prestigieuse carrière de Ladmiral est évoquée du debout de l’article. La rédactrice justifie son option en soulignant le rôle capital qu’il a eu dans le développement de l’enseignement de la traduction, la formation de traducteurs et la réflexion sur la traduction. La théorie ladmiralienne en traduction situe la traduction à la base de la philosophie du langage et de la linguistique, de la littérature et de la psychologie. Selon lui, la traductologie n’est pas seulement une philosophie, mais aussi une science au service des traducteurs. Étant donné que la traductologie doit être institutionnalisée et organisée, Ladmiral identifie le quatrain traductologique suivant: descriptive, prescriptive, inductive et productive. Grâce e son programme, aujourd’hui la traductologie est considérée comme une richesse engagée dans la promotion de la diversité culturelle et linguistique. Plus encore, ses théorèmes de la traduction et son célèbre clivage sourciers-ciblistes marquent deux grandes tendances traductionnelle en systématisant les recherches contemporaines et en les regroupant selon l’objet, la méthode et la méthodologie de recherche.

La cinquième section contient des traductions inédites des textes littéraires bilingues. Yves FRONTENAC, l’auteur de plusieurs romans courts, ouvre la section avec quelques fragments de son roman court

«Outil à lame experte / Talismanul». Le lecteur est frappé pas seulement de la traduction bilingue, mais aussi de la manière de répartir sur une feuille de papier comme un jeu, comme une chaîne de deux langues. Cornelui Mircea change la perspective et si dans le premier texte la traduction a été du français en roumaine, le fragment de son roman « Facerea. Tratat despre spirit / La Création. Traité de l’Esprit » expose une traduction à l’envers, du romain en français. De plus, la différence entre le deux texte se relève même dans leur registre lexical, leurs niveaux de langage et même leur genre: un texte littéraire et un texte philosophique. Étant donné qu’un autre problème approche au cours des articles de la revue a été la traduction de la poésie, le volet se ferme avec une pléiade des poésies: le poème de Justo Bolekia Boleka, «Llamas de paja» (espagnole-roumaine), les poésies «Poezie / Poesie» et «Tu esti amurgul ? / Sei tu il crepuscolo» de Ioan Lascu (roumaine-italien).

Anda Radulescu commence le chaîne de comptes rendus du sixième chapitre avec son ouvrage «Bref aperçu des grands courants en traduction: théories européennes et américaines» qui est un guide accessible aux étudiants en traduction en leur présentant les grandes théories de la traduction, surtout les théories de la traduction prospective. L’auteur de l’article, Ioana Putan, passe par le roman en s’assurant que tous les points essentiels sont atteints et elle conclut que le guide est en effet un outil important pour l’étude approfondie de ces théories. Nelie Ileana Eiben fait le compte rendu d’un autre texte sur la traductologie, «Pour comprendre la traduction» d’Irena Kristeva. L’ouvrage est recommandé comme véritable outil propédeutique à la réflexion des devoirs du traducteur, le pacte de la traduction, les dichotomies fidélité / liberté, traduisible / intraduisible. Nous retrouvons aussi les comptes rendus de quelques revues sur la traductologie comme «Des mots aux actes», Revue «Septet», d’Adina Hornoiu, «Revue internationale d’études en Langue Modernes Appliquées» d’Alina Bîrdeanu, «Monti-Monographias de Traduccion e Interpretacion / Monographies de Traduccio et Interpracio, Monographs in Translation and Interpreting, Monographies de Traduction et d’Interprétation» d’Ilinca Ţăranu, et des deux autres revues éditées dans le cadre de l’Université de l’Ouest: le numéro 1 de la revue «Colindancias» est analyse d’Adela Rujan et Daniel Dejica analyse l’apparition de 2010 de la revue «Challenges in Translation» qui a déjà une longue histoire et qui s’en occupe avec la publication des présentations de la conférence BAS (British and American Studies).

La dernière section de la revue «Entretiens» contient un entretien avec Jean-René Ladmiral à l’ occasion de la cérémonie de remise du diplôme et des insignes de Doctor Honoris Causa. Georgiana Lungu Badea est l’intervieweur et ses questions très pertinentes dévoilent la perception proche de Ladmiral en ce qui concerne le domaine de la traductologie, le rôle, ainsi que les devoirs d’un traductologue.

Dans le deuxième numéro de la revue «Translationes» la traductologie est analyse en toute perspective et le lecteur va trouver un support théorique consacré à la description et à la définition du terme. De nouveau, la nécessité d’inventorier plusieurs aspects de la pratique de la traduction est soulignée et la richesse, ainsi que la diversité des articles fait de la revue une référence bibliographique essentielle pour la recherche traductologique.

Le numéro 3 (2011) de la revue d’études de traduction et de traductologie «Translationes» portera le débâte sur la traductibilité de noms propres, en présentant une image globale de ce phénomène.


Lucia Diana Udrescu

Université de l’Ouest de Timişoara