GUIDE DE RÉDACTION INCLUSIVE DU GENRE

 

 

Compte tenu du rôle clé du langage dans l'élaboration des attitudes culturelles et sociales, l'adoption d'un langage inclusif du genre est un moyen important de promouvoir l'égalité des sexes et de lutter contre les stéréotypes sexistes. Selon la grammaire traditionnelle française, le genre masculin n’est pas uniquement l’expression du sexe masculin : il sert aussi de genre commun ou de genre neutre. Ceci confère une visibilité amoindrie aux femmes et aux filles. Ces asymétries sont ancrées dans le langage et peuvent être syntaxiques, grammaticales, ou sémantiques.

Le langage non sexiste et inclusif privilégie une représentation égale des femmes et des hommes sans véhiculer de stéréotypes sexistes. 

Cette démarche consiste à adopter une rédaction inclusive, c’est-à-dire une rédaction qui n’exclue pas, même involontairement, des personnes censées être incluses dans les propos. 

Ce guide de rédaction est basé sur les directives d'ONU Femmes et a pour but d'aider à la rédaction, la relecture et la traduction inclusive de documents en français. Le guide complet peut être consulté ici.

Plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour promouvoir l’égalité des sexes par le biais du langage, tout en rédigeant de manière claire, fluide, de manière à conserver les objectifs communicationnels du document :

  1. Stratégie A - Formulations neutres
  2. Stratégie B – Reformulations
  3. Stratégie C - Utilisations de formes féminines et masculines :

           - mentions des deux via deux mots différents ;

           -via le recours à la typographie (utilisation de la barre oblique ou du tiret par exemple).

Lorsque vous rédigez un document, considérez le texte dans son ensemble, le type de document, l’audience cible afin de choisir la ou les meilleures stratégies. Rédiger de manière sensible au genre ne doit en aucun cas avoir une incidence sur la lisibilité ou la compréhension du texte. Il vous est conseillé d’utiliser de manière alternée les différentes stratégies pour éviter monotonie et lourdeur du texte.  

 

Une formulation neutre privilégie l’utilisation de formes (noms, adjectifs, pronoms) qui désignent aussi bien les femmes que les hommes. Cette stratégie permet d’éviter les répétitions et d’alléger le texte.

a) Choix d'un nom neutre

Au quotidien, les tournures masculines génériques sont trop souvent utilisées pour désigner un groupe qui inclut des femmes et des hommes. Or le masculin utilisé comme catégorie générique ou genre non marqué, au singulier comme au pluriel, agit comme une invisibilisation du féminin.   

Comme alternative à cette asymétrie du langage, il est possible d’utiliser des noms collectifs et épicènes, qui sont des termes où le genre n’apparaît pas linguistiquement et présentent de manière équitable les femmes et les hommes.

• Noms collectifs pour désigner une catégorie ou un groupe de personnes

 

Voici d’autres exemples de noms collectifs singuliers : Assemblée, autorités, clientèle.

• Noms de fonction & Administration

 

• Noms épicènes

Un nom épicène est invariable : il s’écrit de la même manière au féminin et au masculin. Il peut désigner à la fois un homme ou une femme. Par exemple : activiste, diplomate, féministe, journaliste. Les terminaisons des noms épicènes peuvent être : -iste, -ogue, etc.  

Singulier : Lorsque vous utilisez un nom épicène, il vous suffit d’utiliser l’article féminin ou masculin. Le journaliste, la journaliste.

Pluriel : Utiliser un pluriel épicène peut améliorer la lisibilité d’un texte et évite la répétition des articles féminins et masculins, comme par exemple : les secrétaires, les membres.  

 

b) Choix dún adjectif neutre

 

c) Utilisation d'un pronom neutre

Il est également possible d’utiliser un pronom pour faire référence aux hommes et aux femmes de manière égale. Les pronoms indéfinis comme « on, personne, quiconque, plusieurs, n'importe qui, tout le monde » vous permettent d’atteindre cet objectif.

Il est préférable d’utiliser les pronoms relatifs comme qui, à qui, de qui à la place des pronoms tels que : lesquels, auxquels etc.

d) Éviter les expressions véhiculant des stéréotypes sexistes  

Certaines expressions sont susceptibles de véhiculer des stéréotypes sexistes et reflètent une conception stéréotypée des caractéristiques ou des rôles respectifs des hommes et des femmes.

Éviter le mot homme pour désigner à la fois des femmes et des hommes 

Dès que possible, il est conseillé d’éviter l’emploi du mot homme qui exclut les femmes :

 

Il est conseillé de reformuler une phrase et d’en modifier la structure pour la rendre sensible au genre. Une reformulation vous permet ainsi d’éviter l’utilisation d’adjectifs masculins génériques et l’accord de verbe. 

Plusieurs options sont possibles :

a) Emploi de la voiz active

Dans la mesure du possible, il est conseillé d’avoir recours à la voix active pour éviter le masculin générique, la voix passive impliquant l’usage d’articles, d’adjectifs et de participes propres à la forme masculine et à la forme féminine. Attention toutefois au changement de sens ou d’intention. En effet, en français il existe des motifs stratégiques à l’utilisation du passif (qui subit l’action) plutôt que de la voix active.

 

b) Utilisation d'une structure infinitive

 

c) Adjectif possessif ou indéfini

Chaque membre au lieu de Chacun des membres

d) Nominalisation

 

Dans ce cas de figure, les formes féminines et masculines sont conservées. On retrouve à la fois les noms et articles féminins et masculins dans le document. Voici quelques exemples permettant d’éviter le masculin générique grâce à cette stratégie :

 

a) Noms et articles

Singulier : Pour les deux sexes, le déterminant ou l’adjectif démonstratif doit être utilisé. Cette étudiante ou cet étudiant

Pluriel : Dans ce cas de figure, il faut utiliser à la fois la forme féminine et masculine. Les déterminants peuvent être répétés si vous le souhaitez. Par exemple : Ces agricultrices ou agriculteurs ; Les agricultrices ou les agriculteurs.

b) Adjectifs

Lorsque vous utilisez à la fois le féminin et le masculin, l’adjectif doit être répété : Les nouvelles femmes et les nouveaux hommes.

c) Pronoms

Les pronoms féminins et masculins sont tous deux utilisés.

 

d) Recours à la typographie 

Les accords grammaticaux constituent un défi pour une rédaction inclusive. En effet la langue française dispose d’un genre grammatical et d’une règle grammaticale où dans un groupe mixte, le masculin l’emporte sur le féminin. Pour une rédaction non sexiste, le recours à la typographie comme l’utilisation de la barre oblique [/] ou du point [.] est une alternative possible, bien que peu utilisée en français à ce jour.

 

Utilisation du point :

 

Accords des adjectifs (épithètes)

L’étudiante ou l’étudiant inscrit/e

Les étudiantes et étudiants inscrites/s

Accord des adjectifs (attributs)

Les professeures et professeurs sont invitées/és.

Cette stratégie a un impact négatif sur la lisibilité, il est préférable ne pas en abuser. On peut y recourir en raison de contraintes d’espaces, comme pour l’en-tête d’une lettre, un formulaire, un tableau. Cette stratégie est déconseillée pour tout contenu d’information publique comme : les articles Web, les communiqués de presse, ou textes narratifs. Dans ce cas, privilégiez la stratégie de changement de structure de phrase.

Les Stratégies A, B et C peuvent toutes figurer dans un document tant que nous faisons preuve de cohérence et de cohésion. 

 

Terminologie promouvant l'egalité des sexes

Le lexique sensible au genre d’ONU Femmes (GenderTerm) doit être consulté et utilisé comme une référence clé. Il contient plus de 600 termes (anglais, espagnol, français) fréquemment utilisés au sein de l’ONU et d’ONU Femmes. Il contribue à une utilisation correcte, et cohérente de la terminologie sensible au genre tout en clarifiant certains termes. 

Mettre en avant l'autonomisation des femmes

En plus des stratégies sensibles au genre, privilégiez le recours à la voix active et aux verbes actifs pour mettre en avant l’autonomisation des femmes : par exemple, Les femmes prennent la parole, Les femmes agissent, etc.

Éviter les connotations négatives

Évitez les expressions pouvant avoir une connotation négative. Par exemple, Investir est un verbe généralement utilisé dans le secteur financier, le commerce. Il est donc conseillé d’étoffer cette formulation avec le terme potentiel, quand vous faites référence aux femmes.

 

Féminisation des titres de fonction

Il faut féminiser ou masculiniser les noms de métier, les fonctions pour donner la même visibilité aux femmes et aux hommes.

Il convient d’éviter les désignations génériques de postes au masculin et d’utiliser une forme féminine, notamment pour les professions encore à prédominance masculine.

 

Lors de la relecture d’un texte, gardez à l’esprit les questions suivantes :  

  1. Le langage utilisé est-il inclusif ?
  2. Le texte utilise-t-il des formes neutres pour faire référence à des groupes mixtes ?
  3. Le texte contient-il des pronoms masculins génériques faisant référence à un groupe de personnes dont le genre est indéterminé ? Le cas échéant, optez pour une stratégie non sexiste inclusive.
  4. Le texte contient-il des expressions ou stéréotypes sexistes ? Le cas échéant, optez pour une stratégie non sexiste inclusive.